Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/237

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
233
AURORA FLOYD

au propriétaire de l’établissement s’il n’avait pas quelque chose à bon marché en fait d’habits de fantaisie.

Naturellement le propriétaire avait tout ce qu’il fallait, et d’une espèce de bureau ou de trou rempli de toute espèce de marchandises, au fond de la boutique, il apporta une demi-douzaine de paquets, dont le contenu fut montré à Grimstone.

L’agent de police examina beaucoup d’habits, mais sans résultat satisfaisant.

— Vous n’avez rien, à ce que je vois, avec des boutons en cuivre ? — demanda-t-il à la fin.

Le propriétaire secoua la tête en réfléchissant.

Les boutons de cuivre ne se portent pas beaucoup aujourd’hui, — dit-il ; — mais, maintenant que j’y pense, j’ai ce que vous désirez. Je les ai eus, par un hasard extraordinaire, d’un voyageur d’une maison de Birmingham, qui était ici aux courses de septembre, il y a trois ans, et qui perdit un gros pari sur Underhand, et me laissa une quantité de choses pour avoir ce qu’il désirait.

Grimstone dressa les oreilles au mot de Birmingham. Le prêteur sur gages retourna de nouveau aux mystérieuses cavités du fond de la boutique, et, après une longue recherche, finit par trouver ce dont il avait besoin. Il apporta un nouveau paquet sur le comptoir, donna à la flamme du gaz un peu plus de hauteur, et montra un monceau d’habillements communs, appartenant évidemment à cette sorte de marchandises qu’on appelle confection.

— Voici les marchandises, — dit-il, — et ce sont des objets de très-bon goût et très-gais. J’en avais une douzaine et je n’en ai plus que cinq.

Grimstone souleva un habit d’une couleur éclatante, et l’examina à la lumière du gaz.

Le but de cette journée de travail était enfin atteint. Le dos du bouton de cuivre portait les mots : Crosby, Birmingham.

— Il ne vous en reste plus que cinq sur douze, — dit l’agent, — alors vous avez vendu les sept autres.

— Oui.