CHAPITRE XXXIII
Le Capitaine Prodder retourne à Doncastre.
Prodder, en revenant à Londres, après avoir joué son rôle insignifiant dans le drame de Mellish Park, trouva cette ville singulièrement triste et sombre. Il descendit dans une pension bourgeoise, située dans un labyrinthe inextricable de briques et de mortier entre la Tour et Wapping, et ayant des rapports avec une autre pension de Liverpool. Il établit son séjour dans cet endroit, dans lequel il était connu et considéré. Il but un mélange de rhum et d’eau, et joua au cribbage avec d’autres marins, faits sur le même modèle que lui. Dans la nuit du samedi après le meurtre, il se rendit même dans un théâtre du East End, et assista à la représentation d’un drame naval, qu’il aurait été enchanté de tenir pour vrai, si l’on n’y avait mis en avant des théories tellement sauvages dans l’art de naviguer, et fait voir des essais tellement extraordinaires dans la manœuvre d’un vaisseau de guerre, sur lequel l’action de la pièce se passait, qu’elles firent dresser les cheveux du Capitaine, tant son étonnement était grand. Les choses qui se faisaient sur le bâtiment figeaient le sang de Prodder, lorsqu’il s’assit au milieu de la magnificence isolée d’une loge à dix-huit pence. C’était tout à fait ordinaire pour les acteurs de sauter par-dessus les bastingages et de disparaître dans ce qui devait représenter la mer. Tout ce que le Capitaine de ce noble vaisseau supportait de langage arrogant et d’humiliations ; le degré d’autorité exercée par un matelot dont les jambes se permettaient des licences ; les souffrances du mal de mer, représentées par un provincial comique qui n’avait que cette occupation à bord de la noble embarcation ; le con-