Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
121
AURORA FLOYD

une répugnance visible, et il la suivit d’un œil soupçonneux lorsqu’elle descendit le perron.

Elle traversa la pelouse d’un pas rapide et s’enfonça dans le taillis, se dirigeant du côté du midi, bien qu’elle fît ainsi un plus long détour, car la loge du nord se trouvait du côté de Doncastre. Sous le taillis, elle rencontra deux personnes qui marchaient côte à côte, causant à voix basse, et qui toutes deux tressaillirent et changèrent de contenance en la voyant. Ces deux personnes étaient Hargraves et Mme Powell.

— Ainsi, — pensa-t-elle en passant devant ce couple étrange, — mes deux ennemis réunissent leurs efforts pour comploter ma perte ; il est temps que je quitte Mellish Park.

Elle sortit par une petite porte conduisant dans une plaine. Au-delà de cette plaine se trouvait une longue avenue qui conduisait derrière les maisons de Doncastre. C’était un chemin rarement suivi par les gens du château ; c’était du reste le plus long pour se rendre à la ville.

Aurora s’arrêta à un mille environ de la maison qui avait été la sienne, et contempla un instant la magnifique construction à demi cachée sous une luxuriante végétation de deux siècles.

— Adieu, chère demeure où je n’ai su que mentir et trahir, — dit-elle ; — adieu pour jamais, mon cher et tendre amour.

Tandis qu’Aurora prononçait ces paroles d’adieu passionné, John était couché sur l’herbe grillée par le soleil, les yeux vaguement fixés devant lui sur les mares d’eau stagnante qui reflétaient le ciel gris, plaignant Aurora, priant pour elle, et lui pardonnant du fond de son loyal cœur.