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AURORA FLOYD

riale, avec des hiéroglyphes sur le bord de sa robe, et elle portait une veste de satin blanc soutaché d’écarlate, comme il en avait vu aux écuyers du premier rang dans une grande course. Bulstrode se leva le lendemain de grand matin, avec la ferme intention de quitter le comté de Sussex par le convoi express de huit heures quarante-cinq minutes ; mais, tout à coup, se souvenant qu’il n’avait que faiblement manifesté sa reconnaissance à Floyd pour son cordial accueil, il se décida à faire le sacrifice de ses penchants sur l’autel de la politesse, et à aller encore une fois à la falaise de l’Est pour prendre congé du banquier. Une fois qu’il eut pris cette résolution, le Capitaine se serait volontiers hâté de se rendre à l’instant même chez Floyd ; mais, trouvant qu’il n’était que sept heures et demie, il fut forcé de mettre un frein à son impatience et d’attendre une heure plus convenable.

— Pourrais-je y aller à neuf heures ?… À peine… À dix ?… Oui, certainement, et je pourrai ensuite partir par le convoi de onze heures.

Il renvoya son déjeuner sans y avoir touché, et s’assit en regardant sa montre (il lui tardait de voir le temps s’écouler ; il était fou d’impatience), et cependant il s’échauffait et s’agitait de plus en plus à mesure que l’heure approchait.

À neuf heures trois quarts il mit son chapeau et sortit de l’hôtel.

M. Floyd est à la maison, — lui dit le domestique, — en haut, dans le petit cabinet, à ce que je pense.

Talbot n’attendit pas davantage.

— Vous n’avez pas besoin de m’annoncer, — dit-il, je sais où trouver votre maître.

Le cabinet était au même étage que le salon, et, arrivé près de la porte de cette dernière pièce, Talbot s’arrêta un instant. La porte était ouverte, le salon vide ; non, pas vide : Aurora y était, assise, le dos tourné de son côté, et la tête appuyée sur les coussins de son fauteuil. Il s’arrêta encore un instant pour admirer cette belle tête, qu’il ne voyait que par derrière, avec sa couronne de cheveux noirs si soyeux ;