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non seulement comme un art nouveau qui s’oppose à l’art parnassien et naturaliste, mais comme un mode de perception à part, comme une vision toute nouvelle de la réalité. Rien de plus naturel qu’à ce nouveau mode de vision corresponde un nouveau mode d’expression, et, qu’au lieu de recourir à la description et à l’analyse, le symbolisme se serve comme moyens de réalisation esthétique de l’allégorie et du symbole.

Car, au lieu que, en face d’un paysage, le Parnassien rende par des termes aussi justes, aussi nets que possible, tout ce que perçoit son œil, le Symboliste, découvrant sous les apparences sensibles ce qu’elles recèlent de latent, traduira la „correspondance” de ce paysage avec son âme, car l’âme des choses, à vrai dire, c’est l’âme du poète.

Ainsi, pour le poète, soucieux de „contempler les vérités ineffables par delà les phénomènes aux pluralités contigentes”, le symbole sera essentiellement un médiateur plastique entre les apparences matérielles et leur signification idéale. Selon l’excellente définition de Brunetière „le symbole poétique est une fiction concrète, figurée, plastique, mouvante et colorée, animée de sa vie propre, personnelle, indépendante, capable au besoin de se suffire à elle-même, de s’organiser et de se développer, mais une fiction dont la „corres-