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clusions définitives qui sont, pour ainsi dire, les conditions essentielles du « genre ».

En revanche nous croyons fermement que ce qui importe le plus, c’est la méthode. Considérer l’œuvre de Gide comme un microcosme complet, de manière à en faire sentir la philosophie spéciale, l’ironie spéciale et la langue spéciale ; démêler en chaque ouvrage les tendances timides ou avouées ; discerner les courants d’opinion, les idées ambiantes, les influences qui — souvent à l’insu même de l’auteur — peuvent avoir contribué à la formation de son esprit, reconstruire enfin pièce à pièce cette œuvre, pour mieux en faire sentir et comprendre la déconcertante complexité — tel a été notre but.

Si, en_matière littéraire, il n’y a pas de vérité absolue, ni de critérium infaillible, on peut du moins, pour atteindre à cette part de vérité relative — suprême ambition du critique ! — adopter la méthode qui réduit au minimum les chances d’erreur.

Le seul inconvénient qu’on puisse trouver à cette méthode est qu’en « dévoilant les plus secrets trésors du temple on risque de les profaner ». [1] Et nous serions en effet inexcusable de l’avoir tenté, si notre essai ne s’inspirait pas d’un grand amour pour ces trésors, que nous souffrons

  1. Fin de l’ Avant-Propos du Traité de Narcisse.