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l’idée de l’autre. L’autre n’est pas une limite pour le moi, il est une source du moi ; se vouloir soi-même, c’est vouloir un moi idéal que l’on réalise au moins obscurément dans un autrui ; la communication des consciences ainsi comprise, loin de supprimer leur intériorité, l’accentue plutôt. En laissant de côté la théologie et la métaphysique dont ces observations sont les prémisses (puisque cette réciprocité paraît à M. Nédoncelle impliquer un rapport commun à l’Absolu), il reste que, pour lui, le composant indivisible, l’atome dont se fait la société n’est pas un individu simple, mais qu’il a une structure dont les parties ne peuvent être détachées les unes des autres que par abstraction, tout comme la microphysique atteint des atomes structurés dont les parties n’ont de sens ni d’existence que dans leur rapport les unes aux autres.

Il semble bien que c’est de cette psychologie intermentale qu’est parti ce chapitre nouveau de la sociologie que l’on appelle en Amérique et maintenant en France la microsociologie. M. Gurvitch la définit l’étude des types sociaux les plus abstraits et les plus généraux. « L’on conçoit de plus en plus, écrit-il, la tension entre les trois pôles du Moi, de l’Autrui et du Nous comme un des aspects essentiels de toute conscience. Vouloir séparer le Moi, les Autrui et le