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une source indispensable de la production des richesses et qui refuse la main-mise de l’État et des groupes sociaux sur l’activité économique ; au libéralisme politique qui appréhende la limitation des droits de la personne et lutte sinon contre la souveraineté de l’État destiné à protéger ces droits, au moins contre les abus de cette souveraineté. On dira que cette défense de l’individu concerne des problèmes moraux et politiques. Mais dans le champ même de la sociologie, on connaît, au début de ce siècle, la divergence entre Durkheim et Tarde : Durkheim pense que le fait social implique une conscience collective meublée de représentations ; à ce réalisme social, Tarde oppose une explication qui voit dans la psychologie intermentale la raison des faits sociaux ; c’est le courant d’imitation qui en se propageant d’un individu à l’autre crée l’unité sociale ; la conscience sociale n’est qu’un reflet de ces multiples imitations.

Or, si l’on en croit M. Georges Gurvitch dans son récent volume, la Vocation actuelle de la sociologie (p. 26) « aujourd’hui le débat au sujet du rapport entre individu et société doit être considéré comme clos. Il ne saurait plus être question de prendre la société et l’individu pour des entités exclusives, extérieures l’une à l’autre ». Le philosophe américain John Dewey a su exprimer et dégager cette pensée latente