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le passé et l’avenir, n’a pas d’autonomie ; il y a un temps structuré, mais d’une structure qui n’est pas nôtre ; 2o L’histoire érudite et critique qui est connaissance pure et objective du passé par l’intermédiaire des documents et qui est l’affaire des spécialistes ; le temps n’a pas pour l’historien de structure propre et indépendante des constatations de fait ; contrairement à la philosophie de l’histoire, elle n’impose aucune direction au présent ; 3o L’historicité qui est la structure du temps humain, du temps subjectif ; l’existence humaine, comme le disent Heidegger ou Sartre, a en propre le souci, qui s’accompagne du projet, de l’esquisse de ce qui va être ; l’homme vit toujours en avant de lui-même dans le dépassement de lui-même ; c’est ce présent, gros du passé et tendu vers l’avenir qui est la structure même du temps.

L’histoire critique était à la fin du xixe siècle un moyen d’échapper à la philosophie de l’histoire, mais un moyen purement négatif et qui refusait au temps toute structure ; l’historicité au contraire s’en libère en montrant que le temps structuré appartient au sujet pris dans son présent : la destinée n’est pas imposée à l’individu ; elle est ce que l’homme la fait.