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vie de l’adulte. Cette situation est oubliée du sujet, et la cure psychanalytique n’a d’autre objet que d’en ramener le souvenir. Le malaise névrotique disparaît alors avec la conscience que l’on en prend.

Cette thérapeutique a amené la psychanalyse à des découvertes tout à fait capitales sur la psychologie de l’enfant. Disons d’un mot en quoi elles consistent. À lire les travaux classiques qui paraissaient sur la psychologie de l’enfant, il y a un demi-siècle, comme ceux de Preyer, on s’aperçoit qu’ils sont dominés par le souci d’observer chez l’enfant ce qui prépare l’adulte ; on postule qu’il y a seulement une différence d’échelle entre les facultés de l’enfant et celles de l’adulte. Pourtant l’état adulte qui commence avec la puberté est séparé de l’enfance par le développement de la vie sexuelle. Or, les psychanalystes soutiennent que cette vie sexuelle existe, mais sous une autre forme, dès la naissance. Éros domine l’enfant comme il domine l’adulte ; l’enfant le satisfait par des moyens infantiles ; la fameuse légende d’Œdipe qui montre Œdipe, à son insu, époux de sa mère et meurtrier de son père, est comme un symbole de cet état où l’enfant a la nostalgie du sein maternel d’où il sort et ressent une sorte d’hostilité pour le père qui représente l’obstacle à ses désirs : tel est le « complexe d’Œdipe », composé d’Éros et d’agressivité, qui sont les