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Freud (p. 28) « une étude des états normaux, stables, ne nous apprendrait pas grand chose ». Mais supposez cet équilibre diminuant ; supposez un de ces besoins exacerbés, cherchant à se satisfaire de toutes les manières, en dépit des circonstances extérieures et du frein moral : supposez aussi que le moi conscient soit dans l’ignorance de la nature et de l’origine de ce besoin, alors il ne sent en lui que le déséquilibre et la désadaptation ; alors naît la névrose qui, d’après la psychanalyse contient un curieux mélange de savoir et d’ignorance ; elle est faite d’angoisse devant un danger inconnu, d’un sentiment de culpabilité se rapportant à une faute qu’on ignore d’une sorte de politique inconsciente qui aboutit d’une part à des symptômes schizophréniques (c’est-à-dire la perte de contact avec autrui et le monde extérieur), d’autre part à des rêves qui donnent une satisfaction illusoire au besoin cause de tout le mal, en le dissimulant et en l’assouvissant à la fois. Qu’on lise dans cet extraordinaire document qu’est le Journal d’une schizophrène publié récemment par Séchehaye[1], la vie faite de luttes, de souffrances indicibles, de pauvres joies que mènent ces malades.

C’est à partir de la cure psychanalytique

  1. P. U. F., 1950.