Page:Bréhier - Les Thèmes actuels de la philosophie, 1951.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conscient. Non, dit-il, la conscience ne constitue pas l’essence du psychisme, elle n’en est qu’une qualité et une qualité inconstante, bien plus souvent absente que présente » (p. 20). Si Plotin a été amené à cette conclusion par son pessimisme qui lui faisait voir dans la vie terrestre une situation anormale et pathologique, c’est aussi en partant de la pathologie des névroses et en voulant rétablir l’âme dans son état normal que Freud est arrivé à sa conception personnelle du psychisme inconscient. Il est donc utile de savoir comment il conçoit l’état normal : la fonction normale du moi est, selon lui, dans une bonne adaptation à la fois à nos besoins, au monde extérieur et aux obligations morales. Le moi, pour être normal, doit donc nous protéger contre les dangers en découvrant « le moyen le plus favorable et le moins risqué d’obtenir une satisfaction pour nos besoins », compte tenu à la fois du monde extérieur et des exigences morales ; l’état normal, c’est en somme une adaptation non pas mécanique, mais sans cesse variable, qui fait songer à ce que Pierre Janet appelle le sens du réel. Dans cet état ordonné, où tout est réglé avec juste mesure, la question du psychisme inconscient ne se pose pas ; le moi, maître de lui-même, tout entier tendu vers le présent et l’avenir, ne songe pas du tout à son origine ; comme le dit