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le tout avant de chercher comment se sont combinées les parties. Il faut même aller plus loin et dire que cette combinaison est un pseudo-problème : car j’ai supposé que nous avions au départ des sensations élémentaires ; or ces éléments sont une fiction ou tout au moins un produit de l’abstraction : ce qui nous est donné dès l’abord, ce sont des ensembles structurés, des formes dont les éléments sont relativement arbitraires.

Voici par exemple une mélodie ; elle est faite de sons, mais elle a dans l’ensemble une individualité, une unité ; elle se laisse parfaitement reconnaître si la mélodie est transposée dans un autre ton bien qu’il n’y ait pas un seul son qui, dans la transposition, ne soit modifié ; la forme loin d’être le produit des éléments en est donc indépendante. Voici encore un exemple simple : la perception des objets extérieurs dépend si peu des impressions sensibles qu’une personne qui s’éloigne de nous ne nous paraît pas se rapetisser, alors que l’image rétinienne diminuant, il semble que la perception devrait en faire autant ; dira-t-on que ce rapetissement n’a pas lieu parce que nous savons que la personne ne devient pas plus petite et que nous corrigeons notre sensation par notre savoir ? Qu’on essaye de se représenter la vision de cauchemar qui serait la nôtre, si réellement les grandeurs variaient pour nous comme celle des images