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Chapitre Premier

CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES

La philosophie n’a pas partout bonne réputation : on la juge obscure à cause de son langage hermétique, de ses expressions héritées de la scolastique — inutile, puisque les questions primordiales qui intéressent la conduite humaine ne peuvent être résolues que par le progrès des connaissances positives — et d’ailleurs vaine, puisque les philosophes, à la différence des savants, ne s’entendent pas entre eux, qu’il n’est aucune conclusion qui ne soit remise en question, qu’ils édifient théorie contre théorie, et que, dans cette guerre, qui n’a pas de fin, les adversaires répètent inlassablement et inutilement les mêmes arguments.

Ces critiques ne datent pas d’hier : elles sont du début même de la philosophie occidentale, née en Grèce il y a vingt-six siècles : dès ce moment, on se moquait de Socrate causant dans les coins avec quelques jeunes gens, et on l’ac-