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ſur quelque choſe, ils l’appellẽt endionrra, & gonennoniȣal, en tant qu’elle ſe porte d’affection vers quelque obiect, d’où vient qu’ils diſent ſouuent, ondayee ihaton onennoniȣal ; voila ce que le cœur me dit, voila ce que mon appetit deſire. Maintenant ſi elle eſt ſeparée du corps, ils l’appellent eskon, & les os meſmes des morts atisken à mon auis ſur cette fauſſe perſuaſion qu’ils ont, que l’ame y demeure en quelque façõ attachée quelque temps apres la mort, au moins qu’elle n’en eſt pas beaucoup eloignée, ils ſe la figurent diuiſibles ; & vous auriez toutes les peines du monde à leur faire croire, que noſtre ame eſt toute entiere en toutes les parties de noſtre corps, ils luy donnẽt meſme vne teſte, des bras, des iambes, en vn mot vn corps ; & pour les mettre bien en peine, il ne faut que leur demander par où l’ame ſort à la mort, ſi tant eſt qu’elle ſoit corporelle, & ayt vn corps auſſi grand que celuy qu’elle anime ; car à cela ils n’ont point de reponſe.

Pour ce qui eſt de l’eſtat de l’ame apres la mort, ils tiennent qu’elle ſe ſepare tellement du corps, qu’elle ne l’abandonne pas incontinent : quand on le porte au