Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tous viennent volontiers nous entendre, tous vniuerſellement diſent qu’ils ont enuie d’aller au Ciel, & qu’ils redoutent ces braiſes ardentes de l’enfer : ils n’ont quaſi rien à nous répliquer, nous ſouhaitterions quelquesfois qu’ils propoſaſſent plus de doutes, ce qui nous donneroit touſiours plus d’occaſiõ de leur déchiffrer par le menu nos ſaincts Myſteres. En vérité les Commandements de Dieu ſont tres iustes & tres raiſonnables, & ceux là doiuent eſtre moins qu’hommes qui y trouuent à redire, car nos Hurons qui n’ont encor que la lumiere naturelle, les ont trouué ſi beaux, & ſi conformes à la raiſon, qu’apres en auoir ouy l’explication, ils diſoient par admiration ca chia atiȣain aa arrihȣaa, certes voila des affaires d’importance, & dignes d’eſtre propoſées dans des conſeils, ils diſent la verité, ils ne diſent rien hors de propos, nous n’auons iamais entendu de tels diſcours. Entre autres choſes qui leur ont fait auoüer la vérité d’vn Dieu, Createur, Gouuerneur & Conſeruateur de toutes choſes, fut l’exemple que ie leur apportay de l’enfant cõçeu dans le ventre de la mère. Car qui eſt-ce, diſois-je, ſinõ Dieu, qui organiſe le corps de cet enfant, qui d’vne meſme matiere