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porte au bien ; Nous ſommes parmy des Peuples qui s’eſtonnent quand vous leur parlez de Dieu, qui n’ont ſouuent que d’horribles blaſphemes en la bouche. Souuent il vous faudra vous priuer du ſainct Sacrifice de la Meſſe, & quand vous aurez la commodité de la dire, vn petit coing de voſtre Cabane vous ſeruira de Chapelle, que la fumée, la neige, ou la pluye vous empeſchent d’orner & embellir, quand meſme vous auriez dequoy. Ie laiſſe à part le peu de moyen qu’il y a de vous recolliger parmy des Barbares, qui ne vous quittent preſque point, qui ne ſçauent ce que c’eſt de parler bas. Sur tout ie n’oſerois parler des dangers de ſe perdre parmi leurs impuretez, à qui n’a le cœur plein de Dieu, pour reietter fortement ce poiſon. En voila bien aſſez, le reſte ſe cognoiſt en l’experience.

Mais quoy, me dira quelqu’vn, n’y a-il que cela ? Penſez-vous par vos raiſons auoir ietté de l’eau ſur le feu qui me brule, & diminué tant ſoit peu le zele que i’ay pour la conuerſion de ces Peuples ? Ie vous declare que cela n’a ſeruy qu’à me confirmer dauantage dans ma vocation, que ie me ſens plus porté que iamais d’affection pour la Nouuelle France, & que ie porte vne ſaincte en-