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en ambuſcade, qui n’eſpioient que l’occaſion de faire vn coup aux deſpens de la vie de quelque paſſant. Ceſte Nation eſt fort craintiue, ils ne ſe tiennent pas ſur leur garde, ils n’ont pas quaſi le ſoin de preparer des armes & de fermer de pieux leurs villages ; leurs recours ordinaire, principalement quand l’ennemy eſt puiſſant, eſt à la fuite. Dans ces alarmes de tout le Pays ie vous laiſſe à penſer ſi nous auons ſuiet nous autres de nous tenir en aſſeurance.

Or apres tout, ſi nous eſtions icy pour les attraits exterieurs de la pieté, comme en France, encore ſeroit-ce. En France la grande multitude, & le bon exemple des Chreſtiens, la celebrité des Feſtes, la maieſté des Egliſes ſi bien parées vous preſchent la pieté ; & dans nos Maiſons la ferueur des noſtres, leur modeſtie, & tant de belles vertus qui éclatent en toutes leurs actions, ſont autant de voix puiſſantes qui vous crient ſans ceſſe, reſpice, & fac ſimiliter. Vous auez la conſolation de celebrer tous les iours la ſaincte Meſſe ; en vn mot vous eſtes quaſi hors des dangers de tomber, ou au moins les cheutes ne ſont que fort legeres, & vous auez incontinent les ſecours en main. Icy nous n’auons rien, ce ſemble, qui