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ſtance, car où la prendroient-ils. Et ſi la maladie eſt dangereuſe, & que vous ſoyez éloignez des villages, qui y ſont fort rares, ie ne voudrois pas vous aſſeurer, que ſi vous ne vous pouuez ayder vous meſme pour les ſuiure, ils ne vous abandonnent.

Quand vous arriuerez aux Hurons vous trouuerez à la verite des cœurs pleins de charité, nous vous receurons à bras ouuerts comme vn Ange de Paradis, nous aurons toutes les bonnes volontez du monde de vous faire du bien, mais nous ſommes quaſi dans l’impoſſible de le faire ; nous vous receurons dans vne ſi chetiue Cabane que ie n’en trouue point quaſi en France d’aſſez miſerables pour vous pouuoir dire, voila comment vous ſerez logé. Tout haraſſé & fatigué que vous ſerez, nous ne pouuons vous donner qu’vne pauure natte, & tout au plus quelque peau pour vous ſeruir de lict ; & de plus vous arriuerez en vne ſaiſon ou de miſerables petites beſtioles, que nous appellons icy Taȣhac, & pulces en bon François, vous empeſcheront quaſi les nuits entieres de fermer l’œil ; car elles ſont en ces pays-cy incomparablement plus importunes qu’en France ; la pouſſiere de la Cabane les nourrit, les Sauuages nous les apportẽt,