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cœurs ſelon le cœur de Dieu que nous attendons ; mais ie deſire ſeulement leur donner vn mot d’aduis.

Il eſt vray que fortis vt mors dilectio, l’amour de Dieu a la force de faire ce que fait la mort, c’eſt à dire, de nous détacher entierement des creatures & de nous meſme ; neantmoins ces deſirs que nous ſentons de cooperer au ſalut des Infideles ne ſont pas touſiours des marques aſſeurées de cet amour épuré ; il peut y auoir quelquesfois vn peu d’amour propre, & de recherche de nous meſme, ſi nous regardons ſeulement le bien & le contentement qu’il y a de mettre des ames dans le Ciel, ſans conſiderer meurement les peines, les trauaux, & les difficultez qui ſont inſeparables de ces fonctions Euangeliques.

Doncques afin que perſonne ne ſoit abuſé en ce point, oſiendam illi quanta hîc oporteat pro nomine Ieſu pati. Il eſt vray que les deux derniers venus, les Peres Mercier & Pijart, n’ont pas eu tant de peine en leur voyage, mais en comparaiſon de nous qui eſtions montez l’année precedente ; ils n’õt point ramé, leurs gens n’ont point eſté malades comme les noſtres, il ne leur a point fallu porter de peſantes charges. Or non-