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gnon ; & qui pour vn coup leur auoit autres-fois aſſomme huict de leurs hommes ; Et pour moy en particulier, en me flattant & me loüant, ils me dirent, que plutoſt que de riſquer ma vie parmy vne Nation ſi perfide, ils me conſeilloient de deſcendre à Kébec, au moins apres auoir paſſé icy encor vn an, pour ſçauoir parfaictement la langue, que ie ſerois vn grand Capitaine, & qu’il n’y auroit que moy qui parleroit dans les conſeils ; C’eſt ainſi que ces braues conſeillers nous donnoient des aduis, auec pluſieurs & long diſcours, pour monſtrer l’amitié qu’ils auoient touſiours portée aux François par deſſus toutes les Nations. Nous leur reſpondiſmes que nous n’eſtiõs pas venus en ces Pays pour ſeruir de truchement, ny ſous eſperance de nous y enrichir, ou de deuenir vn iour grands Capitaines ; mais que nous auions abandonné nos parens, nos moyens, & toutes nos poſſeſſions, & auions trauerſé la mer afin de leur venir enſeigner la voye de ſalut, au peril de nos vies ; qu’au reſte nous taſchions, & que nous taſcherions de ſi bien nous cõporter, que les autres Nations auroient plus de ſuiet de nous aymer, que de nous mal-faire. Bref nous leur diſmes qu’vn iour