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éconduits s’en ſont retournez fort meſcontẽs tant des Hurons, que des Biſſiriniens, & ont menacé qu’ils ne lairroient paſſer ny les vns, ny les autres pour aller aux François.

Le Borgne de l’Iſle diſoit aux Hurons en noſtre preſence, pour recommander le ſuiet de ſon Ambaſſade, que ſon corps eſtoit des haches, il vouloit dire, que la conſeruation de ſa perſonne, & de ſa Nation, eſtoit la conſeruation des haches, des chaudieres, & de toute la traitte des François pour les Hurons ; meſmes on dit, ſoit vray, ſoit faux, qu’il s’eſt vanté qu’il eſtoit maiſtre des François, & qu’il nous rameneroit à Kébec, & nous feroit repaſſer la mer à tous ; ie dis qu’on le dit, & qu’on luy attribue ces rodomontades, car nous ne les auons pas ouyes, au contraire ils ſe departirent d’auec nous auec toute ſorte de ſatisfaction & de contentement.

Ils nous firent à la verite vn grand diſcours comme d’amis, qui tendoit, ou à nous faire quitter tout à fait le Pays des Hurons, ou au moins la Nation des Ours, comme la plus meſchante de toutes, qui auoit maſſacré Eſtienne Bruſlé, & le bon Pere Nicolas Recolet auec ſon compa-