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tez eux-meſmes aux endroits faſcheux & difficiles ; & partant qu’aucun n’apprehende les difficultez qu’il y a à monter icy, pour auoir leu noſtre Relation de l’an paſſé ; les commencemens ſont touſiours difficiles, & puis les cauſes de nos peines eſtoient extraordinaires, & enfin ie croy que mes pechez qui demandoient cela pour moy, redonderent encor ſur les autres, mais plaiſe à Dieu que nous ayons épuiſé le calice des amertumes iuſques à la derniere goutte ; quoy que nul ne deuroit perdre courage quand les trauaux ſeroient touiours egaux, noſtre Seigneur en a bien enduré dauantage pour le ſalut des ames. Noſtre petit bagage nous a eſté auſſi apporté très fidelement, & aſſez bien conſerué ; vous ne ſçauriez croire le bien qu’ont fait les pois, le pain, & le ſagamité que vous diſtribuaſtes l’an paſſé à nos Hurons, & le bon viſage que vous leur monſtrâtes. Ce bon traictement vous a gagné, & à nous auſſi, leurs cœurs ; nous n’allons en aucun lieu qu’on ne nous diſe, que nos Freres de Kébec ſont tres courtois & tres liberaux : Toutes choſes nous diſpoſent ces Peuples à receuoir la ſemence de l’Euangile, car l’affectiõ qu’ils nous portent leur rend croyable ce que nous leur diſons