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où vous retirer, puis on deſcouure incontinent les veſtiges ſur la neige : ioinct qu’il fait bien froid en hyuer pour coucher long temps à l’enſeigne de la Lune. Il y a quelques villages aſſez bien fortifiez, où on pourroit demeurer, & attendre le ſiege & l’aſſaut, ceux qui peuuvent s’y retirent, les autres gagnent au pied, ce qui eſt le plus ordinaire, car le petit nombre d’hommes, le manquement d’armes, le grand nombre d’ennemis, leur font redouter la faibleſſe de leurs forts, il n’y a que les vieilles gens qui pour ne pouuoir aller attendent de pied quoy la mort dans leurs Cabannes. Voila où nous en ſommes d’ordinaire. Cet Hyuer nous fuſmes ſur le poinct de fuyr, mais où cacher nos petites commoditez ? car les Hurons en ſont auſſi frians que les Iroquois. D’ailleurs neantmoins ces eſpouuantes n’ont pas eſté inutiles ; car outre les prieres & les vœux que nous auons faits pour deſtourner les fleaux ; outre le ſoin que chacun apportoit pour ſe diſpoſer à la mort, ou à l’eſclauage, & outre que de là nous prenions occaſion d’inſtruire les Sauuages du ſecours qu’ils doiuent attendre de Dieu, nous nous ſommes rendus aymables, recommandables, & vtiles à tout le