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ſelle en tous ces Pays, autant que i’ay peu apprẽdre tant des lettres de Kébec, comme de diuers Sauuages reuenans des traittes loingtaines, tout eſtoit ſi ſec & ſi arride qu’à la moindre étincelle de feu les foreſts & les campagnes eſtoient incontinent embraſées : d’où il arriua que pluſieurs Sauuages allans par pays, & n’eſtans pas ſur leurs garde eurent leurs Cabanes & viures bruſlez, comme auſſi deux de nos hommes. Mais pour ne parler que du Pays des Hurons, la ſechereſſe y fut tres-grande, car depuis Paſques iuſques à la my-Iuin il ne pleut point, ou fort peu ; rien ne profitoit, tout deperiſſoit, de ſorte qu’on apprehendoit vne grande famine, & à bon droit, car tout le terroir des Hurons & des lieux circonuoiſins eſtans tout ſablonneux, s’il eſt trois iours ſans eſtre arroſé des pluyes du Ciel, tout commence à faner & à baiſſer la teſte. Dans ces apprehenſions tout le Pays eſtoit en alarme de la famine, veu meſmement que le Printemps paſſé trois villages auoiẽt eſté bruſlez, qui ſans cet accident euſſent pû périr dans la neceſſité de greniers à tout le Pays. Tous crioient à l’ayde, & imploroient à leur ordinaire le ſecours des Sorciers ou Arendioȣane, qui ſe font icy adorer,