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d’auec les riches, ou des petits d’auec les grands, ſont autant de voix qui nous crient continuellement la penſée de la mort, la vanité des choſes du monde, & le mépris de la vie preſente : mais il me ſemble que ce que font nos Sauuages à cette occaſion touche encor dauantage, & nous fait voir de plus prés, & apprehender plus ſenſiblement noſtre miſere. Car apres auoir fait ouuerture des tombeaux, ils vous étallent ſur la place toutes ces Carcaſſes, & les laiſſent aſſez long temps ainſi découuertes, donnant tout loiſir aux ſpectateurs d’apprendre vne bonne fois ce qu’ils ſeront quelque iour. Les vnes ſont toutes decharnées, & n’ont qu’vn parchemin ſur les os ; les autres ne ſont que comme recuites & boucannées, ſans monſtrer quaſi aucune apparence de pourriture ; & les autres ſont encor toutes grouillantes de vers. Les parens s’eſtant ſuffiſamment contentez de cette veuë, les couurent de belles robes de Caſtor toutes neufues : en fin au bout de quelque temps ils les décharnent, & en enleuent la peau & la chair qu’ils iettent dans le feu auec les robes & les nattes dont ils ont eſté enſeuelis. Pour les corps entiers de ceux qui