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le troiſiéme iour ; & dés le matin la Capitaine donne ordre que par tout le Village on faſſe chaudiere pour le mort. Perſonne n’épargne ce qu’il a de meilleur. Ils font cecy à mon auis pour trois raiſons. Premierement pour ſe conſoler les vns les autres, car ils s’entr’enuoyent des plats, & quaſi perſonne ne mange de la chaudiere qu’il a preparée. Secondement, à l’occaſion de ceux des autres Villages, qui viennent ſouuent en aſſez bon nombre. Tiercement, & principalement pour obliger l’ame du defunct, qu’ils croyent y prẽdre plaiſir, & en mãger ſa part. Toutes les chaudieres eſtant vuidées, ou au moins diſtribuées, le Capitaine publie par le Village, que l’on va porter le mort au Cimetiere. Tout le Village s’aſſemble en la Cabane ; on renouuelle les pleurs, & ceux qui ont ſoin des funerailles appreſtẽt vn brancard, ou le mort eſt couché ſur vne natte, & enueloppé d’vne robbe de Caſtor, & puis ils le leuent & le portent à quatre : tout le Village ſuit en ſilence iuſques au Cimetiere. Il y a là vn Tombeau fait d’écorce & dreſſe ſur quatre pieux d’enuiron huit à dix pieds de haut. Cependant que l’on y accommode le