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& la ceinture qu’ils doiuent emporter ; ſouuent on les enſeuelit à leur mode auãt qu’ils ayẽt expiré, ils font leur feſtin d’adieu à leurs amis, ou ils chantent quelquefois ſans mõnſter aucune apprehenſiõ de la mort, qu’ils regardent fort indifferemment, ne ſe la figurant que cõme vn paſſage à vne vie fort peu differẽte de celle cy. Auſſi-toſt que le malade a rendu le dernier ſouſpir, ils le mettent en l’eſtat qu’il doit eſtre dans le tombeau, ils ne l’étendẽt pas de ſon long cõme nous faiſons ; mais ils le mettent en peloton, quaſi en la meſme poſture que les enfans ſont au vẽtre de la mere. Iuſques la ils tiennent la bonde de leurs larmes. Apres luy auoir rendu ces deuoirs, toute la Cabane commence à retentir de ſouſpirs, de gemiſſemens, & de plaintes, les enfans crient Aiſtan, ſi c’eſt leur pere, & la mere Aien, Aien ; mon fils, mon fils. Qui ne les verroit tout baignez de leurs larmes, iugeroit à les entendre, que ce ne ſont que pleurs de ceremonies ; ils fléchiſſent leurs voix tous d’vn meſme accord, & en vn ton lugubre, iuſques à ce que quelque perſonne d’authorité faſſe le hola ; en meſme temps ils s’arreſtent, le Capitaine s’en va prom-