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honorer les Morts ; ils n’ont rien d’aſſez precieux pour cet effet ; ils proſtituent les robbes, les haches, & la Pourcelaine en telle quantité, que vous iugeriez à les voir en ces occaſions, qu’ils n’en font aucun eſtat, & toutefois ce ſont toutes les richeſſes du Pays ; vous les verrez ſouuent en plein hyuer quaſi tous nuds, pendant qu’ils ont de belles & bonnes robbes en leurs quaiſſes qu’ils mettent en reſerue pour les Morts ; auſſi eſt-ce là leur point d’honneur. C’eſt en cette occaſion qu’ils veulent ſur tout paroiſtre magnifiques. Mais ie ne parle icy que de leurs funerailles particulieres. Ces bonnes gens ne ſont pas comme beaucoup de Chreſtiens, qui ne peuuent ſouffrir qu’on leur parle de la mort, & qui dans vne maladie mortelle, vous mettent en peine toute vne maiſon pour trouuer moyen de faire porter cette nouuelle au malade, ſans le faire mourir par auance. Icy quand on deſeſpere de la ſanté de quelques-vns, non ſeulement on ne fait point de difficulté de leur dire, que c’eſt fait de leur vie ; mais meſme on prepare en leur preſence tout ce qui eſt neceſſaire pour leur ſepulture : on leur monſtre ſouuent la robbe, les chauſſes, les ſou-