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ſçauez, on m’a imputé la mort de Bruſlé, & incontinent apres qu’il eut eſté tué, quand il fut queſtion de deſçendre à Kebec, on diſoit haut & clair que ſi i’y allois, ſans doute i’y laiſſerois la teſte : nononſtant tout cela l’année ſuiuante (car pour cette année là i’allay en traite ailleurs) ie ne laiſſay pas de m’embarquer, & deſcendre, appuyé que i’eſtois ſur mon innocence. Au reſte ſi ce malheur me fuſt arriué, la hache eſtant leuée ſur ma teſte, i’euſſe demandé vn peu de temps pour parler, & ie croy que ie me fuſſe ſi bien iuſtiſié, que i’euſſe obligé celuy qui commandoit ou de faire manifeſtement vne iniuſtice, ou me laiſſer la vie. Mais ie n’en fus pas en la peine, & ceux qui s’attendoient de me voir aſſommer furent bien eſtonnez, quand ils virent l’honneur qu’on me fit ; iuſques là que quelques vns diſoient, que puis qu’on traitoit ſi fauorablement vn meurtrier, le vray moyen de ſe faire aimer des Francrois eſtoit de fendre la teſte à quelqu’vn. Tous ces diſçours n’ont point empeſché que mon innocence n’ait eſté touſiours au deſſus de l’enuie : quoy qu’on diſe, i’aimeray & obligeray toute ma vie les Francrois en tout ce que ie pourray.

Echon, nous penſions que voſtre Village