Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/163

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vn puiſſant attrait pour accepter ceſte charge. Ces Capitaines icy ne gouuernent pas leurs ſuiets par voye d’empire, & de puiſſance abſolue ; ils n’ont point de force en main, pour les ranger à leur deuoir. Leur gouuernement n’eſt que ciuil, ils repreſentent ſeulement ce qu’il eſt queſtion de faire pour le bien du village, ou de tout le Pays. Apres cela ſe remuë qui veut. Il y en a neantmoins, qui ſçauent bien ſe faire obeyr, principalement quand ils ont l’affection de leurs ſuiets. Quelques vns ſont auſſi reculez de ces charges, pour la memoire de leurs anceſtres qui ont deſeruy la Patrie. Que s’ils y ſont receus, c’eſt à force de preſens, que les Anciens acceptent en leur Aſſemblée, & mettent dans les coffres du Public. Tous les ans enuiron le Printemps ſe font ces reſurrections de Capitaines, ſi quelques cas particuliers ne retardent ou n’aduancent l’affaire. Ie demanderois volontiers icy à ceux qui ont peu d’opinion de nos Sauuages, ce qu’il leur ſemble de cette conduite.

Mais en preuue de ce que ie viens de dire de l’eſprit de nos Capitaines, il faut que ie conclue ce Chapitre par vn diſcours que me fit ce Printemps vn Capitaine, nommé