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monie. Il y a deux ſortes de preſens ; les vns, tels que ſont les neuf premiers qu’ils appellent andaonhaan, ſe mettent entre les mains des parens, pour faire la paix, & oſter de leur cœur toute l’aigreur, & les deſirs de vengeance, qu’ils pourroient auoir contre la perſonne du meurtrier : les autres ſe mettent ſur vne perche, qui eſt étẽdue au deſſus de la teſte du mort, & les appellẽt Andaerraehaan ; c’eſt à dire qui ſe mettent ſur la perche. Or chacun de ces preſens a ſon nom particulier. Voicy ceux des neuf premiers, qui ſont les plus conſiderables, & quelque fois chacun de mille grains de Pourcelaine. Le Capitaine parlant, & hauſſant ſa voix au nom du coulpable, & tenant en ſa main le premier preſent, comme ſi la hache eſtoit en cor dans la playe du mort, condagee onſahachȣtaȣas ; voila, dit-il, dequoy il retire la hache de la playe, & la fait tomber des mains de celuy qui voudroit venger cette iniure. Au ſecond preſent, condagee oſcotaȣeanon ; voila dequoy il eſſuie le ſang de la playe de ſa teſte : par ces deux preſens il temoigne le regret qu’il a de l’auoir tué, & qu’il ſeroit tout preſt de luy rendre la vie s’il eſtoit poſſi-.