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ne ſont pas tout à fait ſi rudes & mal polis que quelqu’vn ſe pourroit bien figurer. En outre, ſi les loix ſont comme la maiſtreſſe rouë qui regle les Communautez, ou pour mieux dire l’ame des Republiques : il me ſemble que i’ay droit, eu egard à cette ſi parfaite intelligence qu’ils ont entr’eux, de maintenir qu’ils ne ſont pas ſans loix. Ils puniſſent les meurtriers, les larrons, les traiſtres, & les Sorciers : & pour les meurtriers quoy qu’ils ne tiennent pas la ſeuerité que faiſoient iadis leurs anceſtres, neantmoins le peu de deſordre qu’il y a en ce point, me fait iuger que leur procedure n’eſt guieres moins efficace qu’eſt ailleurs le ſupplice de la mort : car les parens du defunct ne pourſuiuent pas ſeulement celuy qui a fait le meurtre, mais s’addreſſent à tout le Village, qui en doit faire raiſon, & fournir au pluſtoſt pour cet effet iuſques à ſoixante preſens, dont les moindres doiuent eſtre de la valeur d’vne robbe neufue de Caſtor : le Capitaine les preſente luy meſme en perſonne, & fait vne longue harangue à chaque preſent qu’il offre ; de façon que les iournées entieres ſe paſſent quelquefois dans cette cere-