Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/143

Cette page a été validée par deux contributeurs.

merueille, & leur donne des yeux capables de voir les choſes abſentes & les plus éloignées, n’eſt ce pas renuerſer toute l’Eſcole, qui tient, ce me ſemble, que rien n’affaiblit tant la veuë, que le ieuſne exceſſif ; quoy que c’en ſoit, il y a bien de l’apparence que noſtre fol n’auoit pas encor aſſez ieuſné, car ſa veue le trompa bien fort, & commença fort mal pour ſe mettre en credit de Prophete. La troupe n’eſtoit pas partie, qu’il la faiſoit à deux lieuës du Village.

Or eſtans arriuez enuiron à la portée d’vn mouſquet, ils s’arreſterent & ſe mirent à chanter ; ceux du Village leur répondirent. Dés le ſoir meſme de leur arriuée ils danſerent, pour prendre cognoiſſance de la maladie, le malade eſtoit au milieu de la Cabane ſur vne natte ; la danſe finie, parce qu’il eſtoit tombé à la renuerſe, & auoit vomy, ils le declarerent tout à fait de la Confrairie des fols, & en vinrent au remede qui leur eſt ordinaire en cette maladie, & qui ſeroit capable de les faire paſſer pour tels, quand ils ſeroient les plus ſages du monde. C’eſt la danſe qu’ils appellent Otakrendoiae, les Confreres Atirenda. I’en decrirois les particularitez, ſi ie n’auois peur d’eſtre trop long. Ce fera pour vne autre fois, ſi i’ap-