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vn tous les iours, ce n’eſtoit pas pour rompre ſon ieuſne. Le quatorzieme de Feurier faiſant la ronde par les Cabanes à ſon ordinaire, il trouua qu’on preparoit vn feſtin, & alors, Ce ſera moy, dit-il, qui feray feſtin, ie veux que ce ſoit icy mon feſtin, & en meſme temps il prend des raquettes, & s’en va luy meſme pour inuiter ceux des Villages circonuoiſins : mais il y a bien de l’apparence qu’il ne fut pas pluſtoſt en campagne, qu’il s’oublia de ſon deſſein, car il ne retourna que pres de deux fois vingt quatre heures apres, & fit, ou il ſe trouua, ſept ou huit feſtins pour vn. Il luy arriua dit-on en cette courſe trois choſes memorables. La premiere, qu’il n’enfonça point du tout dans les neiges, quoy qu’elles fuſſent de trois pieds de haut. La ſeconde, qu’il ſe ietta du haut d’vne groſſe roche ſans ſe bleſſer. La troiſiéme, qu’eſtant de retour il ne parut non plus mouillé, & ſes ſouliers auſſi ſecs, que s’il n’euſt pas mis le pied hors la Cabane : celuy qui nous racontoit cecy, adiouſta qu’il ne falloit pas s’en eſtonner, qu’vn Diable le conduiſoit. Sur la fin de ſa maladie il me fit prier de l’aller voir ; ie le trouuay en apparence en aſſez bon ſens ; il me raconta le progrés, & la cauſe de ſa ma-