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de manger, quelquefois pour auoir meilleur courage on mange auparauant : ſi le feſtin doit durer, comme il arriue ſouuent, toute la iournée, vne partie des chaudieres ſe vuide le matin, & l’autre partie ſe reſerue pour le ſoir.

Parmy ces chants & ces danſes quelques-vns prennent occaſion d’aſſommer comme en ioüant leurs ennemis. Leurs cris plus ordinaires ſont hen, hen, ou hééééé, ou bien ȣiiiiii. Ils rapportent l’origine de tous ces myſteres a vn certain Geant plus qu’homme, qu’vn des leurs bleça au front, lors qu’ils habitoient ſur le bord de la mer, pour n’auoir point répondu, le compliment Kȣai, qui eſt la repartie ordinaire de ceux qu’on ſalue. Ce monſtre leur ietta la pomme de diſcorde en punition de ſa bleſſeure, & apres leur auoir recommandé les feſtins de guerre, l’Ononharoia, & ce refrain ȣiiiiiii, il s’enfonça dans la terre, & diſparut. Auroit-ce bien eſté quelque eſprit inſernal ?

Puis que nous ſommes ſur ce propos, ie diray qu’ils recognoiſſent comme vne eſpece de Dieu en guerre : ils le figurent comme vn petit Nain. A les entendre il paroiſt à pluſieurs, lors qu’on eſt ſur le