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lée il ſe fait vn concours des villages circonuoiſins ; on fait force feſtins, & on n’épargne point les preſents, comme eſtãt queſtion d’vne choſe à laquelle tout le Pays à intereſt : on porte le mort dans le cimetiere, on l’eſtend ſur vne natte ; d’vn coſté eſt vne foſſe, & de l’autre vn feu pour le ſacrifice : en meſme temps quelques ieunes hommes choiſis par les parens ſe preſentent, & ſe rangent autour du corps, chacun le couteau à la main ; & le protecteur du defunt ayant marqué auec du charbon les parties qui doiuent eſtre couppées, ils trauaillent à qui mieux mieux ſur ce cadaure, & en enleuent les parties les plus charnues ; en fin ils luy ouurent le corps, & en tirent les entrailles, qu’ils iettent au feu auec toutes ces pieces de chair qu’ils ont couppées, & mettent dans la foſſe la carcaſſe toute decharnée. I’ay remarqué que pendant cette boucherie les femmes tournent tout autour à diuerſes fois, & encouragent ces ieunes hommes qui decouppent ce corps à rendre ce bon office à tout le Pays, leur mettant des grains de Pourcelaine dans la bouche. Quelqueſois meſme la mere du defunt toute baignée dans ſes larmes ſe