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venoient à contreuenir à leur parole, ou à rompre cette alliance, le Ciel les chaſtieroit infalliblement. Bien dauantage, ils eſtiment qu’il ne fait pas bon ſe moquer du Ciel. En voicy vne preuue bien remarquable. Vn Sorcier fort renommé dans le Pays nous menace cette année d’vne grãde famine ; Les bleds croiſtront, dit-il, & monteront en épics, les enfans meſmes en feront roſtir en leur verdure ; mais vne gelée blanche ſuruiendra, qui moiſſonnera les eſperances du Pays. Au reſte il ne fonde pas ſon dire ſur ces apparitions pretenduës d'Iȣskeha ; voicy ce qui le fait parler de la ſorte. On crie, dit-il, tous les iours au Ciel, Aronhiaté onne aonſtaancȣas, & cependant on ne luy donne rien, cela irrite le Ciel, il ne manquera pas de s’en venger, & lors que les bleds commẽceront à entrer en maturité, il fera ſans doute éclatter les effets de ſa colere.

Ils croyent encore que le Ciel eſt couroucé quand quelqu’vn ſe noye, ou meurt de froid ; il faut vn ſacrifice pour l’appaiſer : mais, ô bon Dieu ! quel ſacrifice, ou pluſtoſt quelle boucherie ! La chair du mort eſt la victime qui doit eſtre immo-