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à grandes iournées, & ſur les piſtes d’vne petite beſte noire rencontrent la Cabane de leur homme, qui les aduertit de ne manger rien de ce qu’vne femme qui alloit reuenir leur appreſteroit pour la premiere fois ; à quoy ayant obeï, & renuerſé les plats par terre, ils s’apperceurent, que ce n’eſtoient que beſtes venimeuſes, qu’elle leur auoit preſenté. S’eſtans refaits du ſecond ſeruice, il fut queſtion de bander l’arc roulé, dont pas vn n’ayant pû venir à bout, que le ieune hõme, pour qui le voyage auoit eſté entrepris : il le receut en don de ſon hoſte, qui l’inuita de ſuer auec luy, & au ſortir de la ſuerie metamorphoſa vn de ſes compagnons en Pin. Delà ils aborderent au Village des ames, d’où ils ne reuindrent que trois en vie, & tous effarez chez leur hoſte, qui les encouragea de retourner chez eux, à la faueur d’vn peu de farine, telle que les ames la mangent, & qui ſuſtente les corps à merueilles. Qu’au reſte ils alloient paſſer à trauers des bois, où les Cerfs, les Ours, les Orignacs eſtoient auſſi communs que les fueilles des arbres ; & qu’eſtans pourueus d’vn arc ſi merueilleux, ils n’auoient rien à craindre, que