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meura maiſtre de la Cabane toute la iournée. Sur le ſoir, comme il eſtoit aſſis aupres du foyer, elles retournerent, mais elles ne ſe monſtrerent du commencement que de loing, petit à petit s’eſtant approchées elles ſe mirent derechef à danſer ; il recogneut ſa ſœur parmy la troupe, il s’efforça meſme de la prendre, mais elle s’enfuit de luy, il ſe retira à l’écart, & prit enfin ſi bien ſon temps qu’elle ne peut échapper ; neantmoins il ne fut pas aſſeuré de ſa proye qu’à bonnes enſeignes ; car il luy fallut lutter cotre elle toute la nuict, & dans le combat elle diminua tellement, & deuint ſi petite, qu’il la mit ſans difficulté dans ſa courge : l’ayant biẽ bouchée, il s’en retourne ſur le champ, & repaſſe chez ſon hoſte, qui luy donne dans vne autre courge la ceruelle de ſa ſœur, & l’inſtruit de tout ce qu’il deuoit faire pour la reſuſciter. Quand tu ſeras arriué, luy dit-il, va t’en au cimetiere, prends le corps de ta ſœur, porte le en ta Cabane, & fais feſtin : tous les conuiez eſtãs aſſemblez, charge le ſur tes epaules, & fais vn tour par la Cabane, tenant en main les deux courges, tu n’auras pas ſi toſt repris ta place, que ta ſœur reſuſcite-