Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.

luy ouure, & luy demande, où il alloit, & ce qu’il pretendoit, que ce pays n’eſtoit que pour les ames. Ie le ſçay bien, dit cet Auenturier, c’eſt pourquoy i’y viens chercher l’ame de ma ſœur. Oüyda, repart l’autre, à la bonne-heure ; allez, prenez courage, vous voila tantoſt au Village des ames, vous y trouuerez ce que vous deſirez ; toutes les ames ſont maintenant aſſemblées dans vne Cabane, ou elles danſent pour guerir Aataeniſic, qui eſt malade ; ne craignez point d’y entrer, tenez voila vne courge, vous y mettrez l’ame de voſtre ſœur ; il la prend, & demande en meſme temps congé à ſon hoſte, bien aiſe d’auoir fait vne ſi bonne rencontre. Sur le depart il luy demade ſon nom. Contente toy, dit l’autre, que ie ſuis celuy qui garde la ceruelle des morts ; quand tu auras recouure l’ame de ta ſœur, repaſſe par icy, ie te donneray ſa ceruelle. Il s’en va donc, & arriué qu’il eſt au Village des ames, il entre dans la Cabane d’Aataeniſic, où il les trouue en effet qu’elles danſoient pour ſa ſanté, mais il ne peut encor voir l’ame de ſa ſœur car elles furent ſi effrayées à la veue de cet homme, qu’elles s’éuanouirent en vn inſtant ; de ſorte qu’il de-