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tout pont vous n’auez que le tronc d’vn arbre couché en trauers, & appuye fort legerement. Le paſſage eſt gardé par vn chien qui donne le ſault à pluſieurs ames & les fait tomber ; elles ſont en meſme temps emportées par la violence du torrent, & étouffées dans les eaux ; mais, luy diſ-ie, d’où auez vous appris toutes ces nouuelles de l’autre monde ? Ce ſont, me dit-il, des persones reſuſcitées qui en ont fait le rapport. C’eſt ainſi que le diable les abuſe dans leurs ſonges ; c’eſt ainſi qu’il parle par la bouche de quelques-vns, qui ayans eſté laiſſez comme pour morts, reuiennent par apres en ſanté, & diſcourent à perte de veue de l’autre vie, ſelon les idées que leur en donne ce mauuais maiſtre : à leur dire le Village des ames n’eſt en rien diſſemblable du Village des viuans, on y va à la chaſſe, à la peſche, & au bois ; les haches, les robbes, & les colliers y ſont autant en credit, que parmy les viuants. En vn mot tout y eſt pareil, il n’y a que cette difference, que iour & nuict elles ne font que gemir & ſe plaindre ; elles ont des Capitaines, qui de tẽps en temps mettent le hola, & taſchent d’apporter quelque moderation à leurs