Page:Bréal - Mélanges de mythologie et de linguistique, 1877.djvu/309

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
297
LES IDÉES LATENTES DU LANGAGE.


de détail deviennent le complément indispensable des ouvrages d’ensemble. De même que l’histoire d’une nation s’accroît et se transforme tous les jours par l’histoire particulière de ses provinces, par l’étude approfondie de ses institutions ou par de simples biographies, de même il y a place, dans chaque idiome, à une quantité de travaux sur le caractère et le rôle des dialectes, sur les différentes parties du mécanisme grammatical ou sur l’histoire des mots, qui sont les personnes du langage. Toutes les parties de cette même Grammaire allemande de Grimm qui avait pu paraître un instant un monument achevé et définitif, sont reprises aujourd’hui en sous-œuvre. Les divisions par périodes que l’auteur avait établies, aussi bien que les dialectes qu’il avait distingués, sont devenus le sujet d’ouvrages spéciaux, et nous voyons aujourd’hui paraître des grammaires comparées du souabe, du bavarois, de l’allémanique. Les phénomènes grammaticaux que Grimm avait assemblés dans une seule classe et placés sur la même ligne sont soumis à une analyse nouvelle, et grâce à des instruments d’observation plus parfaits, on découvre des formations successives là où l’illustre germaniste avait cru voir les variétés simultanées d’un même type. C’est ainsi que notre science va toujours se développant, et tendant de plus en plus à changer sa dénomination de grammaire comparée, qui peut prêter à des équivoques, contre son nom véritable, celui de grammaire historique. Puissions-nous voir bientôt en France, pour l’étude de notre langue, une activité pareille, bien digne de tenter l’ambition de