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HERCULE ET CACUS.


partie. Nous voudrions enfin donner un exemple de la méthode philologique appliquée aux recherches de mythologie, et faire voir que l’étude comparée des langues ne fournit pas seulement le moyen de retrouver le sens primitif des fables, mais qu’elle permet, en même temps, d’en expliquer la formation.

Jusqu’à ces dernières années, la mythologie a été regardée comme étant uniquement une science d’interprétation on cherchait bien l’idée contenue dans ces contes merveilleux qui semblaient trop bizarres pour ne pas renfermer quelque signification cachée ; mais ce qu’on croyait le sens intime d’un mythe, une fois découvert, on ne pensait pas qu’il fùt possible d’aller plus avant, et de déterminer pourquoi cette idée avait pris telle forme mythique plutôt que telle autre. En effet, les fables étaient considérées comme le produit, soit réfléchi, soit spontané, de la raison ou de la fantaisie or l’intelligence d’un peuple, pas plus que celle de l’individu, ne livre le secret de ses opérations. Il paraissait aussi impossible d’expliquer pourquoi une conception revêtu précisément tel déguisement merveilleux, que de rendre compte du mouvement instinctif qui présente telle image plutôt que telle autre à l’esprit d’un poëte ou d’un orateur. On se demandait bien ce qu’annonçaient et ce que renfermaient ces nuages capricieux qui flottaient à l’horizon de l’histoire et formaient, en quelque sorte, le ciel poétique de la Grèce mais comment ils s’étaient amassés et d’où ils venaient, c’est ce qu’il semblait interdit à