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DE L’ANALOGIE.

tions : on dira par exemple ἐπροτίμων, « j’aimais mieux » ; ἠνόχλησα, « j’ai dérangé ». Le grec ancien avait déjà commencé, en disant ἐκάθευδε.

Que le latin ait pris un participe passif ou moyen comme amamini, laudamini, et qu’il en ait fait une seconde personne de la conjugaison, en sous-entendant estis, cela n’a rien de bien surprenant : c’est comme si en grec on avait φιλούμενοί ἐστε, τιμώμενοί ἐστε. Mais où l’analogie commence son œuvre, c’est quand nous trouvons amabamini, amemini, amaremini, formes hétéroclites, quoique parfaitement intelligibles.

L’analogie est surtout curieuse à observer quand elle se trouve aux prises avec quelque difficulté imprévue.

Le redoublement de la syllabe initiale des verbes, obligatoire au parfait, devenait à peu près impossible avec les groupes σπ, στ, σκ, ou avec les lettres ζ, ξ. On sait de quelle façon le grec a tourné la difficulté. Dans ce cas, au lieu du redoublement, il se contente de l’augment. On croirait être témoin de quelque compromis comme en présente l’histoire des institutions et des lois. Ou si cette comparaison fait une trop grande place à la raison consciente d’elle-même, il semble qu’on assiste au travail de quelque bête ingénieuse se bâtissant sa demeure avec des matériaux inégalement propres à cet usage.

Ce qu’il importe surtout d’observer, c’est le but