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DE L’ANALOGIE

Quelque chose de semblable s’est passé pour le féminin. Les noms de la troisième déclinaison ont été changés en noms de la première : au lieu de φλόξ, le grec moderne dit ἡ φλόγα, au lieu de τὴν ἔλπιδα il fait τὴν ἐλπίδαν.

C’est évidemment le datif pluriel qui était la pierre d’achoppement : le déraillement des déclinaisons commence toujours sur ce point. Le participe présent ἀκούων aurait dû donner la forme peu commode ἀκούουσι. Mais déjà dans la langue d’Homère on trouve ἀκουόντεσσι[1]. Ces formes en εσσι, qui ont pris naissance parmi les thèmes comme τεῖχος, deviennent très fréquentes sur les inscriptions, où l’on a, par exemple, ἀρχόντεσσι, ἐόντεσσι, ἐλθόντεσσι, ἀγώνεσσι, πάντεσσι, εὐεργετησάντεσσι.

En rapprochant ἀγώνεσσι et ἀγώνοις, on se convainc que des deux côtés le but est le même : il s’agissait d’éviter ἀγῶσι.

En latin, nous retrouvons les mêmes faits, et d’une façon encore plus visible. La déclinaison consonantique y est déjà plus qu’à moitié remaniée. C’est au type de la déclinaison en i (avis, collis) que les différentes flexions ont été ramenées. On peut s’en rendre compte aisément en comparant, par exemple, le grec φερόντ-ων et le latin ferent-ium, le grec φέροντ-α et le latin ferent-ia, le grec φέροντ-ες et le latin

  1. Odyssée, I, 352.