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CHAPITRE V

FAUSSES PERCEPTIONS

Fausses désinences du pluriel. — Fausses désinences des cas. — L’apophonie.

Nous sommes ainsi conduit à parler d’un phénomène proche parent du précédent : « la fausse perception ».

Nous croyons souvent percevoir la désinence là où elle n’est pas. Ainsi un Anglais, prononçant le pluriel oxen, croit sentir dans la syllabe en la marque du nombre : cependant on a simplement ici le thème anglo-saxon oxen, « bœuf » ; sanscrit, ukšan. La vraie marque de la pluralité est tombée.

Il est aisé de voir à quoi tient cette illusion. C’est que le singulier, ayant perdu la moitié du thème, est réduit à la syllabe ox. Dès lors, entre le singulier et le pluriel, il y a une différence qui est interprétée comme servant à l’expression du nombre. Le peuple a le sentiment de l’utilité, mais nullement le souci de l’histoire. Il emploie ce qu’il a ; s’il fait des pertes,