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CHAPITRE IV

LA SURVIVANCE DES FLEXIONS

Ce que c’est. — Exemples tirés de la grammaire française.
De l’archaïsme.

Quand une flexion, soit sous l’action des lois phoniques, soit par quelque autre cause, vient à disparaître, il ne s’ensuit pas qu’elle va cesser d’exister pour l’esprit. Elle se maintient pour celui-ci encore longtemps, grâce à la tradition, grâce à la place que le mot occupe dans la phrase, grâce aussi à certaines comparaisons que fait instinctivement notre mémoire avec des constructions analogues. Cette survivance de la flexion n’est pas une chose indifférente, ni sans influence sur la syntaxe.

Ceci va devenir plus clair par quelques exemples.

Nous avons dans nos grammaires françaises une règle qui peut, au premier abord, paraître arbitraire, mais qui n’en repose pas moins sur un juste sentiment de la langue. Il est défendu d’employer un mot en qualité de complément de deux verbes, si ceux-