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QU’APPELLE-T-ON PURETÉ DE LA LANGUE ?

faut nous résigner à n’être que des écoliers, et ce n’est pas aux écoliers à commander. »

Si ces paroles venaient de moins loin, on en serait sans doute moins frappé. Nous avons mainte fois entendu, en prose et en vers, à la Sorbonne, sous la Coupole et ailleurs, quelque chose de semblable. Mais il est intéressant de trouver à Stockholm, chez un homme qui possède une science dont nos Vaugelas et nos Bouhours n’avaient pas les premiers éléments, la confirmation des principes que ces anciens suivaient d’instinct en leurs remarques et critiques. L’idée d’un type de correction et de pureté, fourni par la société polie et par l’élite des écrivains, après avoir été presque un lieu commun durant deux siècles, avait été proclamée insuffisante ou vaine au nom d’une science qui déclarait s’inspirer d’un principe supérieur : cette même idée nous revient aujourd’hui du nord, exposée non sans conviction ni sans force, par un des maîtres de la philologie scandinave…