Page:Bréal - Essai de Sémantique.djvu/277

Cette page a été validée par deux contributeurs.
261
L’ÉLÉMENT SUBJECTIF.

primer, des formes nouvelles. S’il veut énoncer l’action avec une arrière-pensée de doute, il a des tours comme ceux-ci : Vous seriez d’avis que… Nous serions donc amenés à cette conclusion… Dans ces phrases, ce n’est pas une condition qu’exprime le verbe, mais un fait considéré comme incertain. Le conditionnel a donc hérité de quelques-uns des emplois les plus fins du subjonctif et de l’optatif.

Le discours indirect, avec ses règles variées et compliquées, est comme une transposition de l’action dans un autre ton. Ce que, chez les modernes, la langue écrite obtient au moyen des guillemets, la langue parlée le marquait par les formes diverses du verbe. Le subjonctif et l’optatif y avaient leur place naturelle, puisque un certain doute était nécessairement répandu sur l’ensemble du discours.


Il nous reste à parler du mode où l’élément subjectif se montre le plus fortement : l’impératif. Ce qui caractérise l’impératif, c’est d’unir à l’idée de l’action l’idée de la volonté de celui qui parle. Il est vrai qu’on chercherait vainement, à la plupart des formes de l’impératif, les syllabes qui expriment spécialement cette volonté. C’est le ton de la voix, c’est l’aspect de la physionomie, c’est l’altitude du corps qui sont chargés de l’exprimer. On ne peut